Simplicité et complexité en étroite cohésion.  

Ce qui caractérise le travail d' Anneke Klein Kranenbarg est le rôle primordial qu'il attribue au regard.
Regarder est un acte si élémentaire que notre perception visuelle du monde nous semble aller de soi, à tel point que nous n'en sommes plus conscients.

C'est cette apparente évidence qu' Anneke Klein Kranenbarg cherche à rompre dans son travail. À travers ses compositions, elle étudie des formes de bases comme le carré et le rectangle dont elle démentèle les éléments pour obtenir une nouvelle construction, de nouvelles formes. Le matériel utilisé se consiste de fil noir, de deux plaques de plexiglas transparent serties de bois blanc en large bande profilée.

Les fils sont tendus sur la plaque frontale qu'ils perforent et rejoignent, à travers l'espace intérieur de l'objet, la plaque de fond qu'ils perforent également et sur le dos de laquelle ils viennent ensuite se tendre. Pour le spectateur se déplaçant devant l'objet, l'effet perçu est un subtil glissement des lignes vers d'autres configurations de formes bi- ou tridimensionelles. Ainsi l'artiste réunit-elle ces contrastes apparents en un seul ouvrage.

Et c'est de cette cohérence entre bi- et tridimentionalité, simplicité et complexité, que résulte une tension visuelle très particulière. Là réside la fascination d' Anneke Klein Kranenbarg,, et sa recherche vise à rendre sensible cette fusion des oppositions. Dans les dessins au fil "blanc sur blanc" et noir sur plexiglas translucide, l'élément tridimensionel est ramené à quelques millimètres.L'effet d'ombre et de lumière obtenu est alors déterminent pour l'émergence spaciale des formes.



Traduction: Colette Noël
 


Virtualité de la ligne


Pour Anneke Klein Kranenbarg “

Pour notre esprit ….il n' y a rien avant le moi autre que des virtualités, des tendances “ (Maine de Brian)

Onze lignes parallèles, un don simple, la vie dans son enfance, tous les chemins sont à prendre.
 Un cube, onze lignes qui se rencontrent et forment un espace clos, une entité encline au débordement.
Je la vios assise en face de moi, le corps assimilé aux lignes souples du large vêtement; petite dans ses
étoffes sombres, la tête blonde, peau et chevelure, de grands yeux clairs, céladon, une opulante queue de
cheval qui coule le long de l’oreille gauche et se répend sur l’épaule beauté sans artifice.


Son travail de sculpteur ponctue le mur blanc derrière elle. Des lignes inscrites dans l’ espace, des lignes qui deviennent formes suivant l’ approche. Onze lignes qui s’organisent en une longue litanie,un chant
variant la recherche de ses possibles, une quête renouvelée à chaque accomplissement.
Et mon regard qui avait abordé la simplicité parallèle, imperceptiblement dérive de ses certitudes pour se voir immergé dans une infinité complexe et captivante de passages. S’agit-il de s’expliquer le monde, est-ce l’ instant où l’on prend concience de l’ impuissance à le comprendre, à se l’ approrier et où l’ on traque son mystère en concevant des pièges toujours plus affinés. Et ce travail rapproche-t-il d’une épiphanie libératrice ?

Quand je la regarde, quand elle me parle, je ne peux me statisfaire de la simple explication d’un jeu intellectuel, un pur plaisir de construire et d’élargir les possibilités plastiques de la donnée initiale. Sous cette élaboration régulière et épurée, sous cette recherche de la variante qui en apparence est libre d’états d’ âme, une écoute fine percevra l’ émotion questionneuse et l’ entendra sourdre et circuler invisible.

Dans cet atelier bien ordonné - où elle me sert du thé et d’ où je peux, par la fenêtre, voir la ligne droite, sombre et moroitante d’un canal à Zaandam convoiter l’ espace du ciel gris - ce besoin aigu de l’ être humain de se penser jusqu’ à l’ extrême limite; conjurer l’ angoisse et se retrouver UN dans l’ infini du moi.

“Être homme, c’est se sentir.... comme une multiplicité d’ être virtuel, et être artiste, c’est amener ... ce virtuel à l’ existence“ (Thibaudet)

Bergen, 1e 26 juillet 2000
Colette Noël
 


Artiste Néerlandaise, , vit et travaille à Zaandam (Pays-Bas)

Le travail d'Anneke Klein Kranenbarg se veut tout en délicatesse et minutie. Ses
oeuvres nous apparaissent comme des fil de ferristes, toujours en parfait équilibre.
Tout son travail réside dans l'effet et les faits. Effet d'optique et faits établis. Il faut
un temps à l'oeil pour découvrir , apprécier et comprendre le mode de réalisation de
ce travail, un temps d'adaptation nécessaire à la compréhension technique.
Par delà cet aspect tenant de l'ordre de la réalisation, ces oeuvres - objets occupent
un espace libre de toutes interférences. L'oeil traverse l'oeuvre et nous retourne une
illusion et une réalité. Fils suspendus dans un univers de transparence, nous, simples
spectateurs, devenons éléments de l'harmonie et de l'équilibre désiré.
Anneke Klein Kranenbarg nous invite à entrer dans son univers bien au-delà de nos
habitudes, de nos références de voyeurs d'art, elle nous déstabilise pour mieux capter
nos sens et nous désarçonner l'espace d'un instant. Espace, temps, présence,
l'oeuvre et le spectateur s'unissent pour mieux s'apprécier, l'oeuvre invite et le spectateur
ne peut que constater son attachement à ce très surprenant fil de ferriste.


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